Voici 1500 ans, en effet, une civilisation prestigieuse atteignait l'apogée de sa puissance dans tous les pays riverains de la Méditerranée.

Les Byzantins, héritiers du monde romain, avaient consolidé leur empire et leur capitale, Byzance (aujourd'hui Istanbul), rayonnait de toutes ses richesses sur l'ensemble de l'Orient.

La légende qui attribue la conversion de Constantin 1er empereur romain du 4ème siècle, à une vision, est révélatrice de l'importance capitale de l'événement: le monde en sera marqué pour le restant de son histoire.

La succession des empereurs byzantins ira de pair avec le développement d'une véritable civilisation chrétienne sur laquelle notre société- est encore bâtie.

Les sommets seront atteints avec Justinien, au 6ème siècle où tous les domaines de la vie artistique, religieuse, culturelle, administrative et sociale seront restaurés.

Mais déjà un autre événement s'est produit qui va bouleverser, au 7ème siècle, le monde oriental et le monde tout court. Un simple chamelier, issu de ces tribus nomades qui peuplent la péninsule arabique, a eu la révélation divine.

De sa méditation de quinze ans, naîtra le livre sacré des musulmans, le Coran, dicté par Dieu lui-même. De lui ont émergé une religion, une civilisation et un monde : l'islam.

Son expansion sera fulgurante au Moyen-Orient, mais aussi en Asie et en Afrique. Les dynasties qui se succéderont à Damas et à Bagdad vont conquérir un empire très étendu.

Le cimetière a livré un nombre inégalé de stèles, 718 au total, toutes portant des inscriptions et des croix aux modèles multiples.

Les noms des défunts écrits en grec et en araméen sont puisés dans l'onomastique biblique, palmyréniennne, nabatéenne, arabe.

Leur datation peut s'échelonner entre le 6ème et 8ème siècle.

La fouille a fait surgir de terre de jolis pavements de mosaïques aux tapis colorés. Elle a dégagé 8 églises des 6ème et 8ème siècles. Leur plan rectangulaire d'abord à chevet plat puis en hémicycle, les place dans la lignée de celles de la Syrie du sud.

Les monnaies retrouvées dans les couches soigneusement tamisées permettent de dater les différentes périodes d'occupation entre le 1er siècle et le 9ème siècle.

La collecte de tessons de céramique a été très importante en qualité et en quantité et les opérations de remontage reconstituent les différents ustensiles utilisés par les populations qui se sont succédé sur le site.

La voie romaine a été parcourue et de nombreuses bornes milliaires qui la jalonnaient ont été retrouvées.

Leur lecture a favorisé la reconstitution de la " carte " des grandes voies commerciales et militaires de l'époque...

La civilisation byzantine atteindra notre village et les habitants du lieu réutiliseront une forteresse construite par les romains pour y installer un ensemble monastique comme l'atteste la découverte d'un nombre inhabituel d'églises sur quelques hectares.

Les omayyades puis les abbassides suivis par les sultans seljoukides, marqueront profondément le monde des arts, des lettres et des sciences,...
... de cette histoire retracée à grands traits, KHIRBET ES-SAMRA garde toutes les traces. Il suffit d'en faire la lecture...

C'est actuellement un petit village situé à 50 kilomètres au nord-est d'Amman, capitale du royaume hashémite de Jordanie. Il est occupé par plusieurs familles de bédouins sédentarisés de la tribu des Béni-Hassan et est dépositaire d'une " ruine sombre " qui lui a donné son nom arabe.

C'est ce " livre ouvert " que commente le diaporama élaboré par l'Association pour les fouilles archéologiques de Samra et de sa région (AFASR) et c'est grâce à ce type de réalisation que l'association peut promouvoir l'activité du chantier en France, mais aussi collecter des fonds indispensables pour financer les campagnes.

Si le fruit du travail réalisé sur le terrain est le résultat de la collaboration d'équipes constituées de scientifiques de tous bords (archéologues, anthropologues, épigraphistes, géomorphologues, géomètres, dessinateurs, photographes, ... ) il est aussi celui de volontaires bénévoles qui se sont passionnés pour le site.

Cette passion, nous avons essayé de la faire partager à tous.

Nous sommes prêts à renouveler cette expérience pour tout groupement ou association qui le désirerait.

Samra est situé sur le plateau du Sahal el-Debbé à la pointe sud des coulées basaltiques du Hauran, dans un des méandres du wadi Dhleil.

À 560 m d'altitude, Samra se situe sur des terres sans eaux vives de Jordanie. Le niveau des pluies annuelles ne dépasse pas 100 mm.

Les eaux pluviales de l'hiver et du printemps sont recueillies dans des citernes (en arabe birkeh) depuis l'époque romaine jusqu'à nos jours.

Le relief alentour se compose de collines, de terrasses alluviales.

Les étendues steppiques de cette région permettent seulement une activité pastorale et de maigres cultures.

Seul le printemps métamorphose le paysage, alors les couleurs des fleurs éphémères explosent après la pluie.

Les lits caillouteux des wadis deviennent en un clin d'œil torrents impétueux, capables de tout balayer avant de s'enfoncer à nouveau dans la poussière.

Le village moderne jouxte le site archéologique. Les fouilleurs vivent donc au même rythme que les bédouins de la tribu des beni Hassan, du clan des Mushaqbah, sédentarisés depuis peu.

Ceux-ci conservent en grande partie leur tradition pastorale. L'attrait du désert et du semi-nomadisme reste invincible. L'indépendance et la liberté les hantent. Le quotidien se vit au rythme du lever et du coucher du soleil, au départ et au retour des troupeaux de moutons et de chèvres conduits par un jeune berger assis sur son âne.