Samra, à la limite du désert jordanien, était une bourgade arabe sous tutelle romaine.
Éleveurs de moutons,
les habitants tirèrent profit de la proximité de la voie romaine Pétra-Palmyre. Ils s’enrichirent, cultivèrent et devinrent
chrétiens.
L’École biblique y a mené des fouilles depuis 1981, découvrant la
voie pavée, une auberge et une forteresse romaines, des maisons byzantines et
huit églises ornées de mosaïques datées du VIIe siècle. Le site était connu
bien avant les fouilles par un cimetière aux inscriptions exceptionnelles: à
côté d’une centaine de stèles païennes et chrétiennes, inscrites en grec, 70
courtes inscriptions en christo-palestinien
(araméen de Palestine) sont les seuls textes funéraires connus dans cette langue.
Les noms des défunts sont issus du vieux fonds indigène; safaitiques
(Zubayd), palmyréniens
(Maqay),
nabatéens
(Umayru), mais aussi grecs
(Antiochos)
et latins
(Janvier), arabes
(Habib) et tirés de la Bible
(Jean,
Abraham, Marie). Les tombes avait été pillées, mais seuls les objets en or
avaient été volés.
À côté des objets habituels, un lot de figurines en plâtre a
été mis au jour en 1996. Façonnées selon un modelé épuré, les yeux, la chevelure
et le vêtement sont adroitement soulignés d’un trait de peinture noire. Elles
représentent des femmes aux bras embryonnaires ou aux gestes amples. Elles
sont, en fait, les manches de ce que l’on appelle improprement des "miroirs":
un tesson de verre enchâssé. Il vaudrait mieux les comprendre comme des
substituts de miroirs avec une fonction symbolique et sans doute utilisés pour
renvoyer le soleil à des fins prophylactiques.
Jean-Baptiste Humbert